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ARTHUR RIMBAUD

Uno de nuestros poemas favoritos, y siempre de actualidad, del gran maldito francés:

Le mal

Tandis que les crachats rouges de la mitraille
Sifflent tout le jour par l'infini du ciel bleu ;
Qu'écarlates ou verts, près du Roi qui les raille,
Croulent les bataillons en masse dans le feu ;

Tandis qu'une folie épouvantable broie
Et fait de cent milliers d'hommes un tas fumant ;
- Pauvres morts ! dans l'été, dans l'herbe, dans ta joie,
Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement !...

- Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées
Des autels, à l'encens, aux grands calices d'or ;
Qui dans le bercement des hosannah s'endort,

Et se réveille, quand des mères, ramassées
Dans l'angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir,
Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir !
.


.El mal

Mientras que los escupitajos rojos de la metralla
silban todo el día por la infinitud del cielo azul,
y, escarlatas o verdes, cerca del rey que se mofa de ellos,
caen bajo el fuego batallones en masa:

mientras que una locura espantosa hace su molienda
y convierte a cien mil hombres en un rimero humeante
—¡Pobres muertos! ¡en verano, en la hierba, en tu alegría,
Naturaleza! ¡oh tú que hiciste santamente a estos hombres!—,

hay un Dios que se ríe en los manteles adamascados
de los altares, en el incienso, en los grandes cálices de oro,
y que se duerme, arrullado por hosannas,

pero que se despierta cuando madres llorosas y transidas
de angustia, tocadas con sus viejas cofias negras,
le entregan unos céntimos envueltos en un pañuelo.

(Arthur Rimbaud, Obra poética completa, Barcelona, Ed. DVD, 2007, Traducción de Eduardo Moga y Miguel Casado)

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